L'histoire du tissu wax
Le wax est un tissu dont l’origine remonte à l’Indonésie, au Ghana et aux Pays-Bas. Présent aussi bien en Afrique subsaharienne que sur les podiums des défilés parisiens, il est au centre du débat sur l’appropriation culturelle. Découvrez l’histoire de ce tissu scintillant.
Le wax est apparu pour la première fois au cours de la colonisation néerlandaise de l’Indonésie aux 17e et 18e siècles. Dans le cadre de l’expansion de leur empire colonial, les Provinces-Unies ont pris Malacca en 1644. (une ville de Malaisie). Entre 1663 et 1674, elles conquièrent Sumatra (une île indonésienne occidentale), Macassar (une ville d’Indonésie) et Java (une île indonésienne du sud-ouest). Les Anglais, et surtout les Hollandais, ont découvert les tissus batik produits à Java au XIXe siècle. La Hollande, qui était déjà bien implantée sur l’île indonésienne de Java, a reproduit le style et la technique du tissu batik. Ils élaborent une stratégie industrielle et commerciale afin de tirer profit du marché asiatique. Le batik est un tissu traditionnel indonésien fabriqué selon un processus ancestral qui consiste à dessiner des motifs à la main avec un stylet en bambou et de la cire chaude.
La Hollande utilise le même procédé de cire pour fabriquer industriellement ces tissus en Europe. Cette technique est à l’origine du nom wax ; en anglais, wax signifie cire. Sur le marché indonésien, ils ont produit et vendu le tissu à un coût inférieur à celui du tissu batik traditionnel. Malheureusement, les ventes n’ont pas suivi la demande car les Indonésiens préféraient leurs tissus traditionnels. Ils ne peuvent pas utiliser le batik industriel, qui est fabriqué avec des tampons en cuivre.
Les révoltes et les conflits dans les colonies néerlandaises, dont l’âpre guerre d’Aceh, combinés à la crise de recrutement provoquée par l’indépendance de la Belgique, ont conduit les Néerlandais à recruter des auxiliaires sur la côte ouest-africaine, où ils étaient également basés, au début du XIXe siècle. Ils recrutent des guerriers ashanti sur la Côte d’Or néerlandaise (l’actuel Ghana) et les envoient combattre à Sumatra et à Bornéo (îles de l’Asie du Sud-Ouest) ; ces tirailleurs néerlandais rentrent chez eux et deviennent des commerçants, transportant du batik dans leurs malles. Ce fut un succès total, et tout le monde le désirait. Étonnamment, ce sont les effets imparfaits des Indonésiens qui les attirent. En 1890, la société néerlandaise Vlisco s’inspire de la vie quotidienne des Africains et de leurs objets pour vendre du tissu imprimé à la cire. Le tissu a connu un succès fulgurant.